Vers
la fin de ses jours, Rabbi Avraham Dov de Everitch, monta en Israël et
décida de se fixer à Sfat.
Ses premiers jours en Terre
Sainte furent difficiles et éprouvants. Le Rav ne parvenait pas à s’habituer à
l’endroit, aux habitants et pire que tout, il n’avait pas le mérite de
ressentir la sainteté particulière du pays.
Devant tant de douleurs et
difficultés, Rabbi Avraham Dov se mit à réfléchir : « Pourquoi, pensa
-t-il, devrais-je endurer une situation si pénible et si douloureuse, alors
qu’à Everitch, ma famille, mes élèves attendent avec impatience de me voir et
souhaitent ardemment recevoir à nouveau mes enseignements et mes
conseils ? Pourquoi donc devrais-je me forcer à continuer de supporter
toutes ces peines seul et isolé ? ».
Et bientôt une décision s’imposa à son
esprit : il retournerait à Everitch, parmi sa famille et ses ‘Hassidim qui
désiraient sa présence.
Ainsi, le Tsadik se mit à
préparer ses bagages pour son retour, et fixa la date de son départ au 7
Heshvan.
Le 6 Heshvan, alors qu’il se
rendait à la synagogue pour la prière de Min’ha, Rabbi Avraham Dov entendit de
grands bruits veant des toits des maisons.
-« Quel est ce bruit ?
Que se passe t-il ? » demanda-t-il étonné.
-Chez nous, à Sfat, répondirent
ses voisins, nous avons l’habitude d’entreposer sur les toits de nos maisons
les réserves de nourritures et de nombreux objets. De plus, c’est là que les
femmes étendent le linge et sont occupées à diverses activités ménagères. Le
bruit que tu entends est provoqué par les maîtresses de maison qui font entrer
à l’intérieur tout ce qu’elles gardaient sur le toit »
Le
Rav ne comprenait pas : « Mais pourquoi a-t-on besoin de les
rentrer ?
-Mais
pour qu’ils ne soient pas mouillés et abîmés par les pluies qui vont bientôt
tomber.
Le Tsadik scruta le ciel ;
aussi loin qu’il pouvait voir, il ne distinguait qu’un ciel bleu très pur, sans
trace du moindre nuage.
-Enfin ! Pourquoi toutes les
femmes de la ville éprouvent-elles le besoin de faire cela ce soir, toutes en
même temps ?
Légérement surpris, ses voisins
lui répondirent :
-Peut-être Rabbi, avez-vous
oublié que ce soir, veille du 7 Heshvan, on commence à réciter la supplication
pour les pluies, en ‘Houts Laarets celle-ci est faite le 4 ou 5 décembre),
durant la prière de Maariv, nous dirons : « donne-nous rosée et pluie
pour la bénédiction ». Ils continuèrent en disant : aussi nous avons
une confiance totale et absolue en Hashem et nous sommes convaincus qu’Il entendra
nos prières et nous enverra la pluie comme nous Lui demandons. C’est pourquoi
nous prenons la précaution de mettre à l’abri tous nos objets et nos réserves
de nourriture »
Rabbi Avraham Dov entendit ces
paroles prononcées avec tant foi et ferveur, une si totale confiance en Hashem,
qu’il en fut troublé et bouleversé jusqu’au tréfonds de son âme.
A présent, comprit-il, je
commence à ressentir la particularité de ce pays, sa sainteté ainsi que l’extraordinaire
qualité spirituelle de ses habitants.
Et le soir même, Rabbi Avraham
Dov défit ses bagages et abandonna l’idée de repartir à Everitch. A compter de
ce jour là, le Tsadik ne cessa pas de s’élever spirituellement jusqu’à
atteindre un très haut degré d’attachement à la Terre et à sa sainteté.
C’est cela qu’il enseigna et
transmit à ceux qui devinrent ses disciples et ses fidèles ‘Hassidim, à Sfat.
Caroline Haddad-Farhana