Bonnieux :
est
un petit village de caractère, haut perché et escarpé, se dressant sur le
Massif du Lubéron, dans le département du Vaucluse à environ une cinquantaine
de kilomètres d’Avignon. Bonnieux et sa région sont célèbres pour la
viticulture et leurs truffes, qui représentent 80% de la production française.
La communauté juive de
Bonnieux était assez restreinte, comparée à la ville voisine de Lourmarin à 10
km, dotée d’une synagogue, d’un mikvé ainsi que d’un four. Ils vivaient assez
confinés dans le passage de la Juiverie, mesurant à peine 50m de longueur. De
sorte que pour y habiter, ils ne pouvaient que surélever les constructions ou
loger hors des remparts et bien entendu en payant une redevance
supplémentAaire. Ils avaient des obligations, telles rendre hommage à l’évêque
d’Apt, payer évidemment des impôts. Ils se sentaient tout de même bien protégés
puisque non loin du Pape en Avignon, mais ne jouissaient pas d’une citoyenneté
à part entière.
Il n’y avait pas de
synagogue à Bonnieux. Il leur fallait se déplacer à celle de Lourmarin.
Souvent, on les obligeait à assister à la messe afin de les inciter à se
convertir. Pour la plupart, ils sont de petits artisans. Certaines activités
leur étaient interdites, alors ils vendaient des tissus, des vêtements ou des
couvertures. Tous les pensaient riches puisqu’ils s’accommodaient de peu. La
famille Mardoché, qui était établie dans cette ville, fut accusée d’usure, car
elle prêta un jour une modeste somme d’argent à la famille Ravoir de Bonnieux.
Le soir, dans ce passage de la Juiverie ou carriera, on y fermait les portes.
Il est construit contre la paroi intérieure des remparts qui se trouve à l’est.
Il domine la place des 4 Ormeaux ou Carnot et la vue y est époustouflante.
Le 4 septembre 1624, le
Cardinal-légat Francesco Barberini a ordonné à la communauté de résider
uniquement dans les villes de l’Isle sur la Sorgue, Cavaillon, Carpentras et
Avignon, soit Arba Kehilot en hébreu. Mais personne ne sait si cet ordre a été
réellement exécuté. Quelques années plus tard, en 1656, Jean Nicolas Conti,
vice-légat, a pris des mesures encore plus strictes et sévères en sommant de
murer tous les accès vers l’extérieur de leur carrière. Le 2 novembre 1694, sur
ordre du Saint-Office, d’autres restrictions sont venues se rajouter à savoir,
par exemple, qu’un juif ne pouvait dormir hors de son quartier, employer des
personnes de confession chrétienne, laisser ses fenêtres ouvertes ou sortir le
dimanche et dorénavant, ils avaient l’obligation de porter un chapeau jaune
afin de les différencier.
Toutefois, les juifs de
Bonnieux étant peu nombreux, ils n’étaient pas trop inquiétés car ils prêtaient
de l’argent à des familles appartenant à la noblesse ou à la bourgeoisie
locale. Et ceux-ci en aucun cas ne souhaitaient faire courir le bruit qu’ils
étaient redevables à un juif. Chacune des parties y trouvait leur compte, grâce
à une protection car « liés par la convention de ces prêts ».
Avant 1763, il n’existait
pas à Bonnieux de registre des circoncisions, comme dans les grandes villes,
qui permettait un recensement même minime. Ce n’est qu’après cette date, le 23
mai exactement de cette même année, qu’un rabbin dût consigner les naissances,
les circoncisions, les mariages et les décès sur « un livre ou registre
authentique et légal ».
Un grand remerciement à
l’Office du tourisme de Bonnieux, qui a eu la gentillesse et l’amabilité de me
laisser consulter le livre « Bonnieux » de M. René Bruni, qui n’est
plus édité et difficile d’accès au public.
En avant-première, Tiré du Magazine Tribu 12 qui sortira à Rosh Hashana dans lequel j'écris.
© Copyright Caroline Haddad
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